Pourquoi allons-nous vous raconter cette histoire, ou la vie de ce monsieur ?
En voici quelques raisons: (Parce que c'est........)
Ces films sont ésotériques et facétieux.
Il ne pouvait avoir qu’une seule origine, un haut lieu ou seul des grands hommes (comme moi) y sont nés :
Cette ville, c’est Chalabre la capitale de tout les excès, avant d’être (prima Kercorbis civitas) première cité du Kercorb
En route pour la grande illusion, nous passerons des fonds marins de Jules Verne, au viol de Madame la Lune,
Il est une des figures incontournables du cinéma.
Il a grandi dans un milieu aisé, pour ne pas dire bourgeois : dans la famille on est fabricant de draps ou de chaussures.
D’ailleurs, tout le milieu familial y travaille.
Le petit dernier Georges fait ses études au lycée Louis-le-Grand à Paris.
Il rentre ensuite dans l’usine paternelle, il part faire un stage (pourtant l’A.N.P.E. n’existe pas encore) dans un grand magasin à Londres.
Il y apprend la prestidigitation qu’il avait découvert grâce et par l’entremise de David Devant. De retour en France, il est employé au musée Grévin.
Georges est plus attiré par les métiers du spectacle que par la sécurité de l’emploi, dans le giron familial.
Il revend en 1888 sa part de l’usine familiale à un de ses frères.
Avec l’argent, il rachète à la veuve de l’illusionniste Robert Houdin, le théâtre de son mari.
L’aventure commence. Il prévoit de monter des spectacles de prestidigitation et de grande illusion.
Alors qu’il assiste en1895 à l’une des premières projections des frères LUMIERE, il entrevoit la possibilité de ce qu’allait pouvoir offrir le cinématographe.
Il envisage le cinéma spectacle, repart à Londres et achète un projecteur.
C’est le début de la gloire. Il fonda sa propre société de production, qu’il appela Star Film, sans imaginer la signification universelle que ce mot allait connaître.
Star en anglais veut dire étoile.
Entre 1896 et 1914, il réalisera, produira, tournera prés de 500 films, des voyages à travers l’impossible,
des films spectaculaires, mêlant le trucage aux effets spéciaux et théâtraux, les arrêts de caméra,
les surimpressions des films enchanteurs, parfois mystérieux, mais d’une extraordinaire beauté et d’une grande poésie.
En 1896 il construisit le premier studio cinématographique, ou il assurait les fonctions de : producteur, réalisateur, scénariste, décorateur et acteur.
Quand la guerre de 14 / 18 éclate, il est au bord de la faillite, malgré une filmographie de plus de cinq cents films.
Il est, en 1928, marchand de jouets au premier étage de la gare Montparnasse.
La retraite dans un château d’Orly, et une petite pension, arrive en 1932, donnée par la mutuelle du cinéma.
Reconnu mondialement surtout depuis la sortie du « Voyage dans la Lune » en 1902, il est l’un des créateurs du cinéma spectacle, le précurseur voire le père du truquage.
Je vous avoue que, bien qu’on me l’ait souvent demandé, je n’ai jamais eu le courage d’écrire mes mémoires ou mes souvenirs.
Allons-y tout de même et tâchons de démontrer que l’industrie cinématographique a été créée uniquement par des Français.
La France, chacun le sait, est le pays des découvertes… Seulement, invariablement, nos compatriotes se laissent prendre leurs inventions par l’étranger,
d’où elles reviennent plus tard. N’a-t-on pas contesté à MM. Lumière leur géniale trouvaille ?
Je suis persuadé qu’avant dix ans les pionniers, auxquels j’ai l’honneur d’appartenir
(pionniers qui eurent à surmonter d’innombrables difficultés inconnues des cinématographiques actuels),
seront considérés comme des simples « pompiers ». Je suis donc né à Paris en 1861.
J’ai connu la fin de l’Empire, subi le siège et la commune de 1870-18 (dont un Chalabrois Charles Amouroux devint le premier secrétaire).
Je n’avais que neuf ans, mais cela ne s’oublie pas. A 26 ans en 1888, j’achète le Théâtre Robert-Houdin, que je devais garder trente-six ans, jusqu’en 1914.
Le démon de l’invention me tourmentait. Pendant ma courte carrière industrielle, j’avais eu l’occasion d’apprendre nombre de travaux manuels :
menuiserie mécanique, ajustage et de m’exercer à manier adroitement la plupart des outils.
Entre-temps, doué pour le dessin que j’ai pratiqué dès l’enfance, j’occupais mes loisirs en crayonnant, soit pour moi-même, soit pour les journaux illustrés,
notamment le « journal de la Griffe, qui eut une certaine vogue pendant la période boulangiste.
Je fis aussi de la peinture à l’huile, des portraits, paysages, fantaisies, puis de la décoration théâtrale.
Comme on le voit, j’ai été un peu « touche à tout ». Mais aussi combien cela m’a-t-il servi dans le cinéma !
Cet art m’emballa dès le début, précisément parce qu’il me permettait d’utiliser simultanément toutes mes connaissances et mes divers petits talents.
Je construisis au théâtre Robert-Houdin de grands trucs.
C’est là que j’acquis les précieuses qualités d’invention et d’exécution qui devaient m’être si utiles au cinéma.
C’est là aussi que je construisis (je l’ai raconté souvent) ma première caméra, mon premier projecteur.
Peu de temps après la séance historique du Grand Café, je projetai d’abord des films de Kinétoscope
(a) , puis mes premiers films.
Dés lors, je me lançai dans la carrière cinématographique que seule m’a fait quitter la guerre de 1914.
J’étais un artiste dans l’âme (on me l’a assez reproché), fort adroit de mes mains, habile dans la plupart des métiers, inventif et comédien de nature.
Au risque de faire bondir M. Clément Vautel, qui déteste ce vocable, je fus à la fois un travailleur « intellectuel » et manuel.
Cela explique pourquoi j’ai aimé le cinéma passionnément.
Cet art les renferme presque tous. Les conceptions fantaisistes, comiques ou fantastiques, voire même artistiques, qui se pressaient en foule dans mon imagination,
trouvaient, grâce à lui, le moyen de se réaliser. Toute ma vie j’ai cherché, inventé et exécuté.
Mes journées se passaient à mon premier studio de Montreuil (le premier en date de tous).
J’y peignais mes décors, faisais ma mise en scène et jouais les principaux rôles.
J’ai ainsi produit plus de 4000 sujets.
(a) Kinétoscope invention attribuée à Edison Thomas et à son collaborateur Dickson en 1891, appareil servant au défilement du film,
ce qui lui donnait l’illusion du mouvement. Méliès le modifie.
La pellicule celluloïd du film portant des photographies était perforée au centre pour permettre son défilement.
(b) Le kinétographe est la caméra de prises de vues.
La famille ne s’est pas fait remarquer.
Les écrits de cette période, sont faut-il le dire, des plus rares.
Nous trouvons toutefois des traces, comme après l’édit du 20 octobre 1750, qui interdit toute sorte de mendicité, vagabondage, et tenue en haillon.
La maréchaussée usera de ce texte.
Pour un oui ou un non, elle arrête des gens, sous le prétexte que la tenue leur semble négligée.
Les journaliers qui se rendent sur leur lieu de travail sans le laisser-passer, sûrs d’être connus de tous,
se retrouvent de ce fait en effraction toujours selon les garants de l’ordre.
La prison serait la seule issue pour les cavaliers « gendarmes » zélés.
Jean Aymeric, seigneur de la ville dans son immense bonté, représentant l’autorité royale, autorise la maréchaussée payée par le peuple à les enfermer dans le château.
Muni d’un croûton, ils sont amenés à Limoux pour y être jugés. Dans le cas où ils seraient reconnus coupables, nos mendiants seraient expédiés au bagne.
Tous étant d’honnêtes gens, la relaxe était immédiate.
Le retour comme l’aller s’effectuait enchaîné et à pied, avec dans la gorge « une boule » de haine.
Malgré les plaintes des consuls, rien n’y fit ! Le salut viendra de l’intendant du Languedoc, monseigneur de Saint Priest. Qui dit ceci :
« Je n’ai pu voir sans peine, messieurs, que dans ces captures ordonnées pour bannir la mendicité,
il arrivait assez fréquemment que la maréchaussée confondait les artisans et journaliers avec les mendiants et les vagabonds,
à défaut de passeports ou de certificats qui annonçassent suffisamment les premiers.
Indépendamment du regret que l’on doit avoir de priver de leur liberté des sujets qui sont utiles,
et qui n’ont pas mérité ce genre de punition qui ne doit porter que sur des gens oisifs et dangereux à la société,
j’ai senti les inconvéniens qui en pouvaient résulter pour les arts, le commerce et l’agriculture en privant les artisans de la faculté d’aller de ville en ville,
soit pour se former dans les arts, soit pour s’y établir s’ils y trouvaient des avantages. Etc. … Etc.…
C’est mal à-propos qu’ils ont été arrêtés, non seulement les cavaliers « gendarmes » seront blâmés et même punis suivant les cas de leur négligence.
J’attends de votre bon zèle, messieurs, que vous donnerez la plus grande attention à ma lettre, dont vous aurez agréable de m’accuser la réception.
Je suis, messieurs, votre humble et très obéissant serviteur. »
A la suite de cette péripétie nous trouvons François Méliès, qui aurait été arrêté, conduit à Limoux, relâché.
Mais, sur le chemin du retour toujours sans papier, il fut avec d’autres codétenus libérés reconduits à Limoux.
C’est à la suite de cet incident que le juge en référa à l’intendant. Cela n’empêchera pas notre brigade de continuer ses excès.
Ce même François Méliès avait été déjà, trente ans auparavant, impliqué dans une belle bagarre.
Le rapport des consuls dit : « Les coups de poings pleuvaient comme grêle, les rues étaient inondées de sang comme dix porcs que l’on égorge ! ».
Une fois calmé, comme tout un chacun, grâce à l’âge, le cardeur de laine François Méliès qui avait épousé entre temps,
(il n’y a aucune trace à Chalabre de cette union) l’adorable Françoise Dutil, s’affairèrent à faire de la postérité.
Ils habitaient dans le quartier Notre-Dame, plus exactement dans la maison en face de la mairie, ou celle qui fait angle avec la rue de la Juiverie.
Cela n’est pas la même chose et les textes sont peu précis.
La rue de la juiverie, date d’après 1310, en relation avec la période ou le prince noir, faisait quelques misères aux Carcassonnais de la ville basse.
Les juifs, commerçants de surcroît, las de toutes ces tracasseries, quittent la ville.
Une grosse partie vint s’installer à Chalabre, et c’est là que le village prend une grande prospérité ! Revenons à François Méliès.
Le premier enfant fut une fille Marie, née en 1751. Le 8 avril 1755 naît à Chalabre Pierre (au quartier Notre-Dame).
Il a comme parrain Pierre Canut (c’est de cette famille qu’un petit fils donnera l’idée et le goût de l’engagement militaire à Danjou le héros de la légion)
et marraine Marguerite Dutil.
Signé Vidal prêtre et vicaire. D’autres enfants naîtront comme Louis-Sylvestre en 1758.
Pierre Méliès lui aussi s’est marié en dehors de la ville avec Pinel Catherine.
Ils achètent une maison dans la côte du château, la dernière en montant sur la gauche (elle est aujourd’hui la propriété d’une fille de Mauléon Narbonne).
Le couple donnera le 18 février 1784 le jour à un garçon, dans la dite maison.
Ils le nommeront François.
Les textes de différentes revues vous donneront des dates de naissance différentes comme :
François, le dernier, celui qui nous intéresse est bien né à Chalabre.
L’acte de baptême dit ceci : François Méliès, fils de Pierre, cardeur, et de Catherine Pinel,
marié en cette paroisse, né le dix huitième jour de février, de l’an mille sept cent quatre vingt quatre, et baptisé le même jour,
le parrain est François Méliès (un oncle) et la marraine est Rose Pinel, illitenas en foy de ce. Le prélat qui a signé est illisible.
Le frère aîné de François, Paul décède à Lübeck sur la mer Baltique le 6 / 11 / 1806. Les terres de Chalabre reviennent à notre François.
François trouve une place d’ouvrier dans le drap, dans une manufacture de Lavelanet J’ouvre une parenthèse :
(le tableau, que l’association a restauré et qui est visible dans la salle du conseil, est daté par les experts vers 1750.
Vous pourrez y voir les hommes de la maréchaussée surveillant le peuple, les lavandières comme les pécheurs sont très bien habillés, en tenue de fête pour travailler.
C’est la confirmation visuelle de cet édit du Roi.)
François loin de son village natal (20 Km) travaille comme un forcené, comme un Chalabrois.
Il finit par être « repéré » par la fille du patron, Marie Fonquernie, à moins que cela soit le contraire. Toujours est-il, il va épouser l’Ariégeoise.
Marie Fonquernie est issue d’une famille aisée, pour ne pas dire très riche. C’est la plus grosse industrie du pays d’Olmes.
De cette union naîtra à Lavelanet au moins trois enfants :
Jean Louis Stanislas dit Jean Louis devient cordonnier.
Il voyage pendant 7 ans de 1836 à 1843.
Il est reçu compagnon cordonnier bottier sous le nom de « Carcassonne l’ami du courage »
(Le paradoxe est que un siècle plus tard la terre natale ariégeoise prendra pour slogan « Ariège la terre courage » qui fut abandonné car les élus le trouvaient trop miséreux,
voire péjoratif). C’est dans une usine qu’il rencontrera sa promise.
Le fabricant de chaussures épouse le 20 juillet 1843 en l’église Saint-Eustache à Paris une jeune veuve Catherine Johanna Schveringh, avec qui naquirent 4 enfants.
Henricus dit Henry Schveringh était le bottier de la reine Hortense, la femme de Louis Bonaparte, roi de Hollande.
Il avait épousé une Languedocienne Marie Anne Guicher.
A la suite d’un incendie dans leur établissement de La Haye, c’est la ruine qui se profile à l’horizon.
Le couple avec les trois filles, piqueuses de tiges de bottines, « montent » à Paris. Dans l’usine, c’est la rencontre avec Méliès.
Le dernier de la lignée : « le cagonits », en patois de Chalabre.
« Le répoupet », en Gascon.
Voila notre homme : il fut reçu au baccalauréat en 1880, et partit faire son service militaire à Blois.
Puis, en 1884, il alla passer une année dans un magasin de confection en Angleterre, où il vendait des corsets avec un accent déplorable.
Il en bafouillait le pauvre ! Mais, en parallèle, il étudie la prestidigitation avec l’espoir de rentrer aux beaux-arts pour devenir peintre.
Son père fut contre, l’obligeant de s’occuper des machines de l’usine de chaussures familiale.
En 1885, il épouse une fille d’origine hollandaise, avec entre parenthèse une belle dot.
Il donne des séances de prestidigitation à la galerie Vivienne et au musée Grévin, tout en fréquentant le théâtre Houdin.
A la retraite de son père, il refusa de s’associer avec ses deux frères. Avec sa part, il achète le théâtre de Robert Houdin en 1888.
Bien qu’il fût un certain temps fiancé à Blanche Simon (parce que son frère dit Gaston avait épousé une fille Simon Hortense Louise,
la demoiselle Blanche de son prénom comme ses sœurs est la fille du plus grand miroitier de Paname.), Georges, marginal pour son époque, n’en a cure.
Il épouse Eugénie Alphonsine Génin, né le 9 août 1867, fille naturelle de Delphine Génin dont le père est inconnu, selon les registres.
Elle est l’enfant adultérin de Cornélius Van Damme. Delphine Génin était originaire de Grenoble, où ses parents tenaient une mercerie.
A la mort du patriarche, la mère et la fille « montent à Paris ».
La maman devient la gouvernante de Cornélius, un Hollandais négociant en chaussures et dont l’épouse était restée à l’île Maurice.
A la naissance d’Eugénie, la maman Delphine reçoit une somme des plus importantes pour assurer l’avenir et surtout l’éducation de la petite.
Delphine décède en 1881 et Cornélius en 1885. La petite Eugénie âgée alors de 14 ans est orpheline.
Un tuteur Pierre Coussy, marchand d’appareil à gaz, est nommé, la semaine après la mort de Victor Hugo, le 29 mai 1885.
Il négocie le mariage, devant les notaires Parisiens Maîtres Godet et Châtelain.
La cérémonie civile a lieu à la mairie du XI° le matin du 25 juin 1885, et l’office religieux l’après midi à l’église de Choisy-le-Roi dans le Val de Marne.
Alors que la première guerre mondiale se profile à l’horizon,
annonçant bien des malheurs et où pratiquement toutes les familles de France vont avoir un enfant tué pour la patrie, dans le bourbier des tranchées,
Georges Méliès devient veuf le 3 mai 1913.
Le couple a eu 2 enfants :
De la première noce naquit Marie Georgette femme d’un Chilien Bellet-Bastias Au décès de Georgette du à une maladie contractée en Algérie pendant une tournée théâtrale, le grand-père prend la petite fille avec lui, dans le magasin de jouets. Elle restera avec lui jusqu'à sa mort. C’est grâce à cette dame que l’histoire de Méliès est arrivée jusqu'à nous.
De Georgette, les familles Malthête et Quervain
D’André, la famille Lehérissey, Duclos Lacoste et Charconnet.
En deuxième noce, Georges épouse le 10 décembre 1925 à Paris XIV° Charlotte Lucie Marie dite Fanny Faës.
Elle était veuve de Manieux, née le 20 mars 1865 prés de Pontoise.
Ils se connaissaient, parce qu’elle avait fait partie de la troupe du théâtre Robert-Houdin, sous le nom de Jehanne d’Aley.
Elle tenait une boutique de confiserie et de jouets, au premier étage de la gare Montparnasse.
C’est là que Georges, après avoir abandonné le cinéma, ira vendre des jouets, et des bonbons.
Il dit encore de lui en 1925
Le cinéma m’a servi de sport. Et quel sport ! Je lui attribue même ma souplesse et ma vivacité. …Voici une anecdote :
A l’époque où j’exécutais ces scènes folles et abracadabrantes remplies de trucages et de cocasseries invraisemblables, je reçus la visite d’un forain américain,
client inconnu qui achetait indirectement mes films. De passage à Paris, il avait tenu à voir ce bonhomme chauve, à grandes moustaches, barbe en pointe,
dont la tête était connue à cette époque dans tous les cinémas.
Ce bonhomme c’était moi, l’Américain fut stupéfait d’avoir devant lui un homme comme tout le monde et parfaitement calme.
Sans doute se figurait-il que j’étais, hors de la scène, un détraqué, un dément, un fou furieux, un diable ou un sorcier qu’il avait vu à l’écran.
Il fut très désappointé et, visiblement, je perdis son estime. Il ne s’était certainement jamais douté qu’il faut beaucoup de calme, de réflexion,
de persévérance et de sang-froid pour exécuter sans défaillance ces clowneries funambulesques.
Ceux qui ont essayé, à la suite, tel que André Deed (Gribouille), qui débuta chez moi en savent quelque chose.
Il se figurait qu’il suffit de se livrer à des grimaces et des contorsions. Quelle erreur ! J’en parle en connaissance de cause.
P.S. Un farceur me fait remarquer ceci : 26 ans avant votre entrée au théâtre, 36 ans au théâtre, 19 ans au cinéma et 9 ans au théâtre encore.
Alors vous avez au moins 90 ans. Ah, non ! Pas de plaisanterie : le théâtre et le cinéma ont marché simultanément. 64 ans suffisent à mon bonheur.
Quelle fut ma propre carrière et ma part dans la cinématographie ? Ce serait trop long à raconter j’abrègerai donc.
Passons sur les difficultés du début dont j’ai parlé, je commençai naturellement, comme tout le monde, en cinématographiant les sujets les plus simples,
uniquement pour m’assurer du bon fonctionnement du matériel.
A cette époque, d’ailleurs, la vue de l’animation d’une rue, l’arrivée d’un train, des vagues déferlant sur un rocher,
des herbes brûlant dans un champ suffisaient à étonner le public et à satisfaire sa curiosité.
Puis vinrent les petits sujets comiques, joués, non pas par des acteurs (ces messieurs nous méprisaient profondément alors)
mais par des amis ou connaissances ou par les employés de la maison.
Ce fut le temps de l’arroseur, des colleurs d’affiches, de la leçon de bicyclette, et des scènes de chambres.
Le hasard me fit trouver le truc de substitution par arrêt de l’appareil (le mien s’était fortuitement bloqué)
et je m’empressai d’utiliser le procédé dans la vue (on ne disait pas encore film)
intitulé l’escamotage d’une dame chez Robert-Houdin c’était la reproduction exacte du fameux truc de Buatier de Kolta. Le succès fut formidable.
Et je me mis exécuter, dans le même ordre d’idées, nombre de sujets de plus en plus compliqués.
C’est à cette époque que je peignis, en plein air, mes premiers décors afin de corser l’intérêt de conceptions de plus en plus fantastiques,
à quoi les paysages naturels n’auraient pu fournir un cadre approprié, surtout lorsqu’il s’agissait de lieux purement imaginaires.
Le succès augmentait de jour en jour et la renommée des films à trucs, dits « star films » (c’était ma marque) devenait mondiale en peu de temps et sans aucune publicité.
Les frères Lumières refusent de lui vendre un appareil de projection et même la caméra, mais qu’à cela ne tienne il part à Londres et achète à William Paul,
fabricant d’appareils optiques, un animatographe.
Après quelques modifications, il construit son propre système le « kinéto-graphe » pour l’enregistrement et le « kinétoscope » pour la projection.
C’est à tort que l’on attribue aux frères Lumières cette invention.
Il perce à l’aide d’un poinçon des trous aux mi-lieux de la pellicule, c’est son brevet.
Il tourne dans ses débuts, comme tout le monde, en extérieur, en décor naturel.
C’est un film de 20 mètres, intitulé « la Place de l’Opéra ». Les films se vendaient en mètres, de nos jours en temps.
C’est son dix-septième film. Il filmait comme il se plait à dire, prosaïquement, la Place de l’Opéra, un omnibus tiré par des chevaux, sur l’impériale des passagers, le ciel est clément, quant soudain la caméra se bloque. Il faudra à notre bricoleur une minute ou deux, pour faire repartir ce damné engin, mais sur le moment il ne voit pas la substitution, il se recueille solennellement devant le corbillard qui passe ! La pellicule est développée et au visionnage, stupeur ! C’est le rire, et l’étonnement ? L’omnibus Madeleine-Bastille est transformé en corbillard. Et des hommes en femmes Le trucage est né !
Il dit : Qu’il me soit permis de rappeler que, vers 1907,
la variété infinie des pas de perforation et des pas des tambours d’entraînement empêchant chaque exploitant d’employer indistinctement des films de toutes marques,
deux Congrès internationaux furent décidés. Ils se tinrent tous deux, à peu de temps d’intervalle, en 1908 et 1909, à la société de photographie, rue de Clichy.
(A noter que, dans l’avenue de Clichy, il y a l’impasse de Chalabre où le châtelain de Bruyères y possédait une très belle demeure. La rumeur dit :
que le grand tribun Robespierre allait se ressourcer auprès de Jeanne Elisabeth Fortunée, la fille aînée du marquis de Chalabre, François Jean)
.
J’eus l’honneur de présider à ces deux Congrès. J’ai gardé précieusement une grande photographie prise à l’issue du deuxième congrès.
On avait offert un banquet à Eastman, venu tout exprès d’Amérique.
A ce banquet, je pris la parole pour tâcher d’obtenir du grand potentat du film, à cette époque, une diminution du prix de la pellicule, qui nous semblait excessif.
Je couvris M. Eastman de louanges méritées et des fleurs de rhétorique obligatoires, en français d’abord, puis en anglais, car il ne connaissait pas notre langue.
Il me répondit par un très gracieux sourire et par un speech improvisé et charmant que je traduisis aux convives. Mais il resta intraitable.
Ce fut un four brillant… Voulez-vous une anecdote en passant ? Elle est amusante : au deuxième congrès, un des grands industriels,
qui jusque-là s’était tenu à l’écart de la chambre syndicale, mais qui se décida à venir pour essayer de nous imposer l’unification des prix de vente,
me prit assez violemment à parti. Je venais, en combattant ses arguments, de répondre : A mon avis, le cinématographe sera artistique ou il ne sera pas !
Donc, en matière d’art, impossible d’imposer un prix uniforme. Le prix dépend de la valeur du sujet, des interprètes et des frais qu’ils entraînent.
Là-dessus mon contradicteur me dit : « Voilà précisément votre erreur. Vous. Monsieur Méliès, vous voyez tout en artiste.
Parait-aussi, vous ne serez jamais qu’un artiste et non un commerçant ».
Je lui répondis, très calme : « Monsieur, vous ne pouviez pas me décerner de plus bel éloge, car sans l’artiste qui crée et qui exécute,
que ferait le commerçant et que vendrait-il ? Je crois qu’il pourrait fermer sa boutique ? » Et tout le monde ria de cette boutade.
Elle circula de bouche en bouche et fut instantanément traduite en toutes les langues au milieu de l’hilarité générale.
En 1902, Georges Méliès ouvre une succursale et des laboratoires à New-York, sous la direction de son frère Gaston,
afin d’assurer par le copyright le respect des droits de l’auteur.
La famille Lumière et Pathé sont aussi du voyage, ils se sont associés au projet.
Mais, en 1908, le trust Edison monopolise l’industrie cinématographie des U.S.A. des suites des premiers congrès de 1908 et 1909,
tous deux organisés par le président de la chambre syndicale des éditeurs cinématographiques,
dont le siège social est au théâtre Robert Houdin et dont le président et fondateur (en 1900) n’est autre que Georges Méliès.
Les américains ont réussi au dernier congrès à louer les films qui jusque-là étaient vendus.
Méliès aimait à répéter : « le cinéma est intéressant parce qu’il est avant tout un métier manuel ».
Que peuvent penser de cette maxime les producteurs et cinéastes actuels ?
1877 : création du Praxinoscope d’ Emile Reynaud 1878 : première série photographique animalière d’Edweard Muybridge.
1881 : fusil photographique d’Etienne Jules Marey 1888 : brevet de la caméra utilisant la pellicule celluloïd de Le Prince.
1889- 1891 : mise au point d’un Kinetographe et d’un Kinétoscope d’ Edison. 1893 : George Demeny fait breveter son chronophotographe qui sera exploité par Léon Gaumont.
Edison construit le premier studio et tourne « les forgerons » (20 secondes). 1894 : Premier film Edison, exploitation commerciale du kinétoscope en salle.
1895 : Premières projections publiques d’images animées des frères Lumière. et dépôt de brevet concurrent d’Henry Joly en France
Et : des frères Skladanowski à Berlin.
de Robert W. Paul en Grande Bretagne. de Thomas Armat aux Etats-Unis.
de Filoteo Alberini en Italie. 1896 : Le cinématographe Lumière est présenté dans les pays du monde.
1896-1898 : ils produisent leurs premiers films : Gaumont avec le brevet Demeny
Pathé avec les brevets Joly et Continsouza. Méliès avec le brevet de Paul modifié.
Edison avec le brevet Armat. Dickson aux Etats-Unis
G.A. Smith et J. Wiliamson en Grande Bretagne Oskar Messter en Allemagne.
1898 : Première actualités reconstituées, sur la guerre Hispano-Américaine. 1899 : premier long métrage l’affaire Dreyfus de Georges Méliès.
1900 : pour l’exposition universelle de Paris, les frères Lumière proposent un cinématographe géant. James Williamson tourne attaque d’une mission en Chine.
1901 : Pathé présente histoire d’un crime de Ferdinand Zecca. 1902 : Léon Gaumont et l’ingénieur Georges Laudet présentent les photoscènes.
Cinéma associé au phonographe. Le grand succès de Georges Méliès, « le voyage dans la lune ».
Les sociétés de production louent les films, au lieu de les vendre. Les films deviennent plus longs ; plus narratifs, plus élaborés.
1906 : Premier procédé de cinéma couleur. Le kinémacolor de G.A. Smith et Charles Urban
1907 : les premiers films parlants, exploités commercialement.
Auguste Lumière né à Besançon (1862-1945) Louis Lumière né à Besançon (1864-1948)
Techniciens et cinéastes français, pionniers et inventeurs de la projection sur grand écran, baptisé « le cinématographe ».
Ils ne sont pas les seuls à marquer de leur empreinte ce que nous appelons le cinéma.
Le père, Antoine, chef de l’entreprise familiale, spécialisée dans la photographie, viendra et donnera un sérieux « coup de main » aux enfants.
Le premier film jamais réalisé est : la sortie des usines Lumière .
Il fut projeté en public, au « grand café » boulevard des Capucines à Paris, le 28 décembre 1895.
La même année ils tournent d’autres courts métrages, notamment « Arrivée du train en gare de La Ciotat », et « l’arroseur arrosé » (vue comique de son vrai titre).
C’est à la projection privée de ces films et devant la réaction du public qui se jette sous les sièges à l’arrivée du train,
Méliès le roi de l’illusion est comme les autres apeuré, mais admiratif, enthousiaste, et très convaincu.
Cela sera sa nouvelle vocation ! Il est sous le charme.
Les frères avaient mis au point, s’inspirant du Kinétoscope, une caméra réversible permettant la prise de vues et la projection sur un écran.
La société Lumière produisit une grande quantité de films projetés en séances payantes en France et dans le monde.
Un catalogue important de « vues animées » fut tourné à l’origine par Louis Lumière.
Puis, par des opérateurs, cette société Lumière favorisa la vente, malgré la concurrence.
Les frères furent également à l’origine des actualités et des premiers documentaires.
Pourtant, la société Lumière abandonna en 1901 l’exploitation en salle de ses films, et cessa de produire en 1907.
Les deux frères délaissent le cinéma, Louis revient à la photographie avec le procédé « autochrome » des clichés en couleurs,
et poursuit des recherches sur l’impression en relief, la stéréoscopie par anaglyphes.
Méliès aurait proposé aux frères Lumière d’acheter contre une forte somme leur invention.
Ils refuseront même de lui vendre le fameux kinétographe, avec pour explication que le cinématographe n’était pas un divertissement mais une technique scientifique moderne.
Ainsi depuis un siècle, on a pris l’habitude d’opposer deux conceptions du cinéma.
1° celle des frères Lumière 2° celle de Georges Méliès.
A la première, il fut donné le nom de documentaire. A la seconde, celui de fiction ou encore de féerie. Beaucoup plus théâtral.
Dans les deux cas, la caméra est statique.
Le hors champ y est inexistant.
Dans le cinéma des frères Lumière, comme le montre « vue comique » appelé vulgairement « l’Arroseur arrosé », le gag n’est pas fait de trucage,
il est transcrit directement sur le plan.
Méliès procède quant à lui différemment puisqu’il construit ses films à partir d’effet spéciaux.
Comparer Lumière et Méliès revient à distinguer le cinéma d’enregistrement du cinéma de manipulation, distinguo quelque peu factice.
La magie du plaisir est dans les deux cas identique.
Georges Méliès en l’an 1896, prépare son premier film. Il est battu de deux semaines par Léon Gaumont, qui présente : « la fée aux choux ». Mais, c’est en réalité la secrétaire, Alice Guy, dite Guy-Blaché, qui a réalisé ce film. Elle quitte la France, en 1907 pour l’Amérique. Elle a réalisé plus de 350 films, et quitte la Gaumont en 1914. Elle réalisa son dernier film en 1920, elle décédera dans l’anonymat dans le New Jersey en 1968.
Méliès débute son activité de cinématographe avec un handicap, les acteurs professionnels de théâtre refusent de paraître dans des vues, un spectacle indigne de leurs talents.
Le magicien employa tout le personnel de Robert Houdin, les voisins, les amis, les membres de la famille, les domestiques et les jardiniers.
Tout ce « petit » monde se retrouve promu au rang d’acteur et de comédien.
Le cinéaste eut l’idée d’embaucher les danseuses du châtelet.
Les petits rats de l’opéra, elles-aussi, ayant appris le montant du cachet s’inscrivent à leur tour.
Le cachet est de 1 Louis d’or et le repas.
Les acteurs de théâtre finirent par céder. L’offre était alléchante.
Mais, comme disait Méliès, ils eurent besoin de formation, car au théâtre la voix est tout alors qu’au cinéma c’est d’avantage l’expression et le geste.
Le facétieux Georges Méliès se réservait le rôle principal.
Il adorait se costumer et se déguiser, mais aussi jouer la comédie.
Il fut réalisé par notre Georges, en 1899. Il avait un grand intérêt pour le grand réalisme de la vie politique.
C’est la crise du moment qui divisa profondément la III° République, l’opinion publique, et entraîné une contestation nationale.
Le capitaine Alfred Dreyfus est condamné à tort pour espionnage au profit de l’Allemagne en 1894 et sera réhabilité en 1906.
Au-delà du scandale judiciaire, l’affaire Dreyfus a été un puissant révélateur des profonds clivages idéologiques et politiques de la France de l’après-guerre de 1870,
mais surtout de celle de l’avant 14-18.
Elle a déterminé la représentation de l’esprit républicain.
En septembre 1894, alors que l’Etat révise les plans de guerre après la conclusion de l’accord secret franco-russe,
on découvre au sein du service de renseignements français un bordereau anonyme contenant une liste de documents militaires confidentiels destinés à l’ambassade d’Allemagne.
Après une enquête sommaire, le capitaine Dreyfus, juif d’origine alsacienne, est accusé de trahison. Les écritures étaient semblables.
Traduit devant le conseil de guerre, le 22 décembre 1894, il est condamné à la dégradation et déportation à vie au bagne de Cayenne, sur l’île du diable.
A cette époque, peu de gens doutent de la culpabilité de Dreyfus, même chez ses futurs défenseurs, tel que le socialiste Jean Jaurès.
Le procès alimente la campagne antisémite, menée tambour battant par la droite nationaliste.
Le but est de faire progresser l’idéal nationaliste xénophobe au sein de l’opinion publique française.
Le frère du capitane Dreyfus, Mathieu refuse la condamnation.
Avec l’aide du journaliste Bernard Lazare, ils publient une brochure favorable à Dreyfus.
Ils reçoivent l’appui du colonel Georges Picquart, chef du 2° bureau, qui découvre que le probable coupable serait le commandant Esterhazy.
Toutes les transactions pour une révision du procès échouent et les contestataires publient les résultats dans le Figaro.
Picquart est muté en Tunisie, puis mis aux arrêts et enfin réformé. Esterhazy passe le 10 janvier 1898 devant le conseil de guerre qui l’acquitte.
Le 13 janvier 1898 ; avec l’accord de Georges Clémenceau, l’écrivain Emile Zola décide de frapper un grand coup.
Il publie « J’accuse » dans l’Aurore.
Cette lettre ouverte au président de la République dénonce l’injustice commise par l’armée et ses complices, les hommes politiques et les magistrats.
Zola est condamné pour diffamation à 1 an de prison ferme et une forte amende.
Les politiques et l’opinion se passionnent pour ce qui va devenir l’affaire, qui débouche sur une crise morale.
Le contexte favorise l’exaspération de l’opinion publique.
Le nouveau procès se déroule à Rennes le 3 juin 1899, Dreyfus est condamné à 10 ans de prison et bénéficie de circonstances atténuantes.
Il est gracié 10 jours après par le président Emile Loubet.
En 1906, il est réhabilité.
Sa réhabilitation entraîne sa réintégration dans l’armée avec le grade de commandant, et a comme gratification la Légion d’honneur.
Il mourut dans un oubli total en 1935.
Georges Méliès, pourtant issu d’un milieu aisé, se range du coté du peuple.
Il tourne le premier long métrage de l’histoire.
« L’affaire Dreyfus » sort en pleine période de la révision, avec le hasard du calendrier.
Nous savons que Georges Méliès est né en 1861.
C’est aussi l’année ou Abraham Lincoln, (1809-1865) devient le 16° président des Etats-Unis.
Celui qui combattit les indiens en1832, l’avocat fier de ses victoires contre les « peaux rouges »,
devient en 1834 député de l’Illinois et prend par le vote le poste de Sénateur en 1856.
Devant la division des démocrates, il est élu avec 38% de voix président en 1860.
Le candidat républicain prête serment le 4 mars 1861.
Il refuse toute extension de l’esclavage. Les confédérés, (sud) hostiles à l’occupation fédérale, ouvrent le feu sur un fort.
C’est le premier acte de guerre de Sécession.
Lincoln appelle des volontaires. 75 000 répondent présent avec enthousiasme.
C’est la chose la plus horrible ! Des frères se font face.
Le général sudiste Lee capitula.
La guerre prit fin et Lincoln obtient un deuxième mandat.
Mais, un idéaliste contre les idées du président ou un fou l’assassine le 14 avril 1865.
C’est aussi à partir de là que Jules Verne travaille une histoire de voyage sous les eaux, une ébauche de « vingt mille lieues sous les mers ».
Un résumé de l’histoire : Un monstre marin défraie la chronique et les marins.
Une frégate l’Abraham Lincoln est chargée de l’anéantir.
Le professeur Aronnax spécialiste des fonds marins est de l’expédition.
La frégate échoue lors d’un affrontement.
Deux marins harponnent la bête, tombent dans l’océan, et se réfugient sur le dos du monstre, qui n’est en fait qu’un sous marin, le Nautilus.
Les aventures du taciturne et misanthrope Capitaine Nemo, avec son fabuleux engin, va fasciner les lecteurs du livre, qui sort des imprimantes en mars 1869.
Cette année-là, un Audois Charles Cros, né à Fabrezan, trouva le système trichrome de la photographie [le magenta (rouge), le cyan (bleu), le yann (jaune)].
Si vous mélangez à valeur égale ces trois couleurs de base, vous obtenez du noir.
Autre anecdote, Charles Cros l’Audois hébergea et cacha en 1870 pendant la commune, un écrivain de Charleville, Arthur Rimbaud.
Le monde est pantois devant les écrits de Jules.
Il est le premier à mettre le livre en image.
C’était « frapper un grand coup », s’inspirant de l’actualité et de la réalité, mené à l’extrême pour devenir fascinant et irréel !
Dès les premiers temps du cinématographe, en marge des reportages authentiques, les cinéastes tournent des bobines d’actualité qui reconstituent certains événements contemporains parmi lesquels des faits de guerre. C’est ainsi que Georges Méliès tourne en 1897 deux films « la prise de Tournavos » et « les Massacres en Crète », pour illustrer la guerre gréco-turque. Puis, il simule « l’explosion du cuirassé Maine en rade de La Havane », dans les studios à l’aide de maquettes.
Le cinéma burlesque remonte aux origines mêmes du cinéma.
Mais dans son principe, il se rattache directement à une tradition immémoriale de spectacles populaires.
Le cinéma burlesque s’est construit, ajoutant une dynamique et des moyens techniques propres face au théâtre, cirque, et music-hall.
Quoique encore primitif, le burlesque séduit immédiatement le public.
« L’Arroseur arrosé » (1895) des frères Lumière est sans contestation l’archétype du film burlesque.
Mais, c’est dans les fantasmagories de Georges Méliès, telles que l’illusionniste « Double tête vivante (1899),
le Voyage dans la Lune (1902) et les quatre cent farces du diable (1906) »,
qu’est contenu une série de gags rendus possibles par des moyens cinématographiques comme le montage.
Les premiers hommes virtuels à marcher sur la lune est l’œuvre de Georges Méliès, en 1902.
Il est la parodie du roman de Jules Verne, « de la terre à la lune » et d’une opérette d’Offenbach.
Grâce à un canon géant, 6 savants sont installés dans un obus-fusée.
Une fois propulsés sur la lune, ils y découvrent les cratères.
Des champignons géants essuient une tempête de neige.
Ils sont faits prisonniers par les Sélénites.
Les savants plus intelligents réussissent à leur échapper et regagnent la terre à bord de leur obus, qui atterrit en pleine mer.
Repêchés par un navire, ils sont accueillis en héros.
C’est le succès mondial.
Il faut dire que c’est un chef d’œuvre pour l’époque, le plus beaux des cent quarante films déjà tournés.
Méliès passe pour le maître de la pyrotechnie et de la magie.
Il devient le roi du trucage.
La féerie de l’imaginaire comporte trente tableaux, un film tout en illusion, dont la postérité s’étendra jusqu’à Stanley Kubrick en 2001 dans l’odyssée de l’espace.
Ce monsieur en 1969 nous a bien bernés à tous.
À la demande de la NASA, il tourne un film : l’amerrissage lunaire de Eagle, le module lunaire, avec à son bord Neil Armstrong et Edwin Aldrin, le 20 juillet 1969.
La mission Apollo 11 est réussie et le président Nixon est fier.
Les téléspectateurs du monde entier, tout comme moi, ont regardé les images à la télévision en direct, retransmises de la lune.
Nous pensions tous que le fait était réel et que nous vivions un moment de l’histoire.
À la mort de Stanley en 1999, ce film fut retracé, et l’aventure lunaire aussi.
Nous apprenons que c’était le réalisateur qui, à la demande de la NASA, monte ce film.
Cela ne veut pas dire qu’ils n’y ont pas été. Mais, ils ont préféré assuré le reportage.
C’est la grande supercherie de l’histoire. Si vous regardez bien, vous verrez que le drapeau flotte.
Les astronautes ont peur de poser le pied sur la lune.
Le LEM avait réussi malgré son poids à se poser et les hommes ne soulèvent pas la moindre poussière.
Ce fut tout de même une belle réussite, malgré le subterfuge !
Méliès avec son voyage, c’est inspiré du système héliocentrique de Copernic, qui en 1543 dit que les planètes décrivent des orbites autour du soleil,
écartant du coup la thèse de Ptolémée. Les deux systèmes : à gauche Ptolémée, à droite Copernic.
Méliès grâce à ce film va devenir très célèbre.
Les gens du mode entier lui achètent ses œuvres.
Il faut dire que ce voyage imaginaire est le premier film de science fiction de l’histoire du cinéma.
Le cinéma mondial doit beaucoup à Georges Méliès. Les Français ne s’y sont pas trompés. Tous les ans, depuis 1947, le prix Méliès couronne le meilleur film français ou de coproduction française. Je faisais en 1995 parti de l’équipe de tournage du film de Bertrand Tavernier « Capitaine Conan » qui obtint le prix Méliès.
Les films étaient tournés en plein air, en décor naturel.
Mais, la technique de l’époque était trop tributaire des intempéries.
Les commandes de films affluaient.
Il fallait donc trouver une solution.
Georges Méliès s’inspira du principe des ateliers de la photographie et de l’usine paternelle, pour créer le premier studio cinématographique.
Il fit renforcer la charpente bois par une en fer, ce qui lui coûta une fortune pour cette époque : 80.000 francs.
Le plancher était en parquet, les parois en verre dépoli.
Les volets sont mobiles et internes pour filtrer la lumière.
Pouvait être supporté un décor, dans le premier atelier de 1897, qui était long de 17mètres et large de 7mètres, avec une fosse de 3 mètres de profondeur.
Des treuils étaient placés à l’extérieur, pour la mise en place du décor et de l’artisanat.
Le studio était dans la propriété, plus exactement dans le jardin au boulevard de l’Hôtel de Ville.
Le second était construit en 1905 dans la rue Gallieni, une petite rue perpendiculaire.
Le second était pratiquement derrière le premier.
Dans ces studios, les dernières innovations y sont nées, comme le trucage, la surimpression, l’exposition et l’éclairage.
Il employait un système qu’il avait mis au point au théâtre, l’arc électrique, qui est encore utilisé de nos jours pour des longs ou courts métrages.
Cela développe une lumière plus puissante qu’une soudure électrique.
On perçoit souvent comme mythique cette période du cinéma des premiers temps, plus ou moins correctement attribuée au cinéma d’avant 1915,
où l’invention et l’expérimentation des formes et des techniques étaient à leur plus haut degré d’effervescence.
Il s’agissait du Cinéma Primitif, des balbutiements du langage cinématographique moderne, de drôlerie ou de simple objet de curiosité sans fondement intellectuel.
C’est le lien entre le film du cinéma des premiers temps et son spectateur.
Pour parfaire l’illusion et mettre de l’évidence, il fallait ajouter de la couleur.
Méliès avait déjà l’expérience du théâtre, où les décors étaient éclairés, souvent en couleur, par des plaques de verres colorisées.
Certains de ces films étaient colorisés à la main, image par image par une centaine d’ouvrières sous la direction de madame Chaumont et demoiselle Thuillier,
le tout supervisé par le patron Georges Méliès.
Le directeur du théâtre n’est autre que Georges Méliès, puisque comme déjà dit il l’avait racheté à la veuve de Robert Houdin en 1888. Mais qui est ce monsieur ?
Jean Eugène Robert est né à Blois le 7 décembre 1805.
Il est le fils d’un horloger et travaille avec sa famille.
Mais, en 1827, alors qu’il partait acheter le traité de l’horlogerie, il prend par mégarde le dictionnaire encyclopédique des amusements des sciences mathématiques et physiques.
Il découvre les rudiments de l’escamotage.
Il épouse Cécile Eglantine Houdin en 1830.
Le couple Robert et Houdin s’installent à Paris où l’homme se consacre à l’horlogerie.
Il étudie et travaille sur l’électricité et à la construction d’automates.
Il prend le pseudonyme de Robert-Houdin, c'est-à-dire le nom des deux familles.
Il dépose en 1837 son premier brevet pour son invention le réveil briquet.
1844 : il perd sa femme et malgré le chagrin se réfugie dans le travail.
Il est admiré par le roi Louis Philippe.
L’année suivante 1845 comme en 1852, il est applaudi en Angleterre par la reine Victoria.
Cette dernière année de 1852, il cède son affaire à son futur beau-frère Hamilton.
Il avait l’année précédente présenté l’éclairage à l’arc électrique, qui sera modifié et amélioré par notre Georges Méliès.
C’est à la mi-mars de 1854 que le nouveau théâtre est inauguré, 8 boulevard des Italiens, Robert Houdin fait ses adieux au public parisien, afin de se consacrer à la science.
Mais en 1856, il part en tournée en Algérie avec sa seconde épouse.
Cependant une décision du Conseil d’Etat lui permet de joindre officiellement le nom de Houdin à celui de Robert.
Le double nom de Robert Houdin devient un patronymie.
De retour de son ermitage, ancien prieuré acheté en 1849, il se concentre sur l’électricité et l’ophtalmologie.
Membre de la société des sciences à partir de 1858, il cherche et écrit.
Son fils Joseph-Prosper du premier mariage est mort à la guerre franco-prussienne en 1870.
Quelques mois plus tard le 13 juin 1871, c’est le grand Robert Houdin qui nous fait un tour d’escamotage, mais cette fois sans retour.
Contrairement aux dires, Méliès se produisait très peu sur scène.
Il assurait la mise en scène, la direction et la gestion.
Il ne manque pas d’activité.
C’est un grand travailleur !
Il prend le pseudonyme de « Géo Smile », et signe en qualité de journaliste et dessinateur des pamphlets dans un journal satirique La Griffe,
dont un cousin Adolphe Méliès était le rédacteur en chef.
Ils étaient anti-boulangiste ; nom donné au mouvement pour le général Boulanger qui avait réuni des contestataires et opposants au régime.
Boulanger, nommé ministre de la guerre le 7 janvier 1886 par le président Grévy, met deux réformes en place :
En un mot, les riches ne pourront plus payer pour que le fils ne parte pas.
Les couches populaires ne pouvaient acheter leur exemption et voyaient les riches dispensés de servir la patrie.
Le peuple est en adoration devant ce général.
Il se forme une coalition hétéroclite dite de boulangistes, qui compte des nationalistes, des monarchistes,
des ex-communards de gauche et des radicaux qui apprécient son discourt social.
Le 31 mars 1888, il est à 51 ans mis en retraite d’office.
Le 27 janvier 1889, il est élu député de Paris, celui qui termine ses discours par « vive la république ».
Le 1 avril, il est obligé de fuir et se réfugie en Belgique. Le 30 août, il est condamné par contumace à la déportation. Il se suicidera à Bruxelles le 30 septembre 1891.
Heureusement qu’il n’est pas arrivé à ses fins, sinon notre cinéaste aurait eu la tête tranchée.
Georges Méliès reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 21 octobre 1931 du ministre des beaux-arts, monsieur Mario Roustan, et comme parrain Louis Lumière.
Cette année-là, le caoutchouc synthétique néoprène est inventé et sera beaucoup exploité par l’industrie de la chaussure, que la famille Méliès connaît.
Il s’éteindra le 21 janvier 1938, âgé de 76 ans à l’hôpital Léopold Bellan dans le XIV°, après trois mois de maladie et d’affreuses souffrances, sans la moindre plainte,
ni gémissement.
Il faut savoir que, quelques jours avant, il sautait à pieds joints au-dessus d’une chaise.
Les obsèques se sont déroulées le mardi 25 janvier à l’église Notre-Dame du Travail, rue Vercingétorix.
Il est inhumé dans le caveau de famille du Père Lachaise.
Il est dans la parcelle N°64, dans l’avenue circulaire.
Il faut savoir que, sur 69000 tombes, il est dans les 25 caveaux les plus visités.
Sa dernière épouse s’éteindra à Versailles le 14 octobre 1956, à l’âge de 92ans
Toutes ses oeuvres sont remplies de poésie et de surnaturel.
Georges Méliès fut non seulement l'inventeur du spectacle cinématographique et des trucages, mais il fut également réalisateur, acteur, créateur de décors,
et producteur de centaines de films entre 1896 et 1913, voici une filmographie de ce magicien de l'image. A droite du titre, la longueur du film est indiquée en mètres.